Autographies

S
'attardant, enfant subjugué, devant leurs autoportraits, Pierre Parsus, alors lycéen familier du Musée du Louvre, s'éprend de Rembrandt, de Rubens, le Tintoret, Delacroix, Géricault, et bientôt Cézanne, Gauguin, Vincent Van Gogh.
Dès l'age de 13 ans, à leur exemple, il se peint en s'aidant d'un miroir.
Excepté cet Autoportrait torse nu de 1934, et quelques essais disparus, c'est à la fin de 1945, la paix revenue, que débute la suite des autoportraits.
Or, parmi les différents domaines de l'art de peindre, c'est bien l'autographie qui permet le mieux d'analyser l'évolution d'un peintre puisque, seul, le visage de ce dernier en est l'unique prétexte.
D'entrée les autoportraits des années 1945-1946-1947 révèlent le fondement classique sur lequel se greffera et décollera l'oeuvre peint et dessiné de Pierre Parsus.
L'autoportrait peint à Nîmes dans l'été de 1948, anonce soudain, bref éclair, l'épanouissement dans la couleur des années de maturité, affirme une certitude intérieure.
Promesse vite entravée pour un temps, par l'influence du mouvement de La Jeune Peinture. Puissant en cette après-guerre son crédo est plutôt naturaliste, il privilégie l'expression par le volume plutôt que la transposition colorée. Pierre Parsus en ces moments de doute frôle le scolaire banal... Autoportrait au fond gris... Autoportrait triste...
Jusqu'alors, l'artiste en quête de stylisation a pétrifié la forme, la figurant statique. Vers la fin des années 60 commence à grandir le besoin de " faire bouger la Peinture ", la gestuelle s'affirme, la touche et la couleur débordent, le dessin suggère le mouvement et devient symbolique. Persiste la recherche de la présence.
Dans la décade suivante, à l'insu du peintre, la spécificité de l'autoportrait, effigie plus ou moins figée disparaît.
Obsédé par un besoin de " dire ", par un " dit ", si le peintre se sert encore du miroir, c'est pour se représenter en acteur animant une allégorie. Peindre exprime la marche à l'étoile ; Le peintre Castillan dénonce l'Ego excessif, le peintre trop identifié à son statut, son corps devenant palette ; dans La peinture oh la la !, il est turlupiné, dépassé par la matière picturale qui n'obéit plus ; Pictor identifie le peintre à la lame du " Fou " du jeu de tarot avec, en bas de la toile, une allusion à La lutte avec l'ange ; Le croisé de la peinture dit la joie que donne la Vie en Peinture, la Foi dans le travail.


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